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Pour des bâtisseurs responsables

En janvier 2018, Philippe Madec, architecte/urbaniste français, et deux de ses confrères, l’architecte Dominique Gauzin-Müller et l’ingénieur Alain Bornarel, ont rédigé un manifeste « Pour une Frugalité heureuse & créative » exposant un programme d’actions à entreprendre autour de l’acte de construire et de son véritable impact environnemental.

Lors de sa dernière conférence à Bruxelles, organisée par Be Sustainable, Philippe Madec nous explique que l’information ne date pas d’hier. En 1987, j’avais alors 6 ans, au « Sommet de la terre » à Nairobi, la Commission mondiale sur l’environnement et le développement annonçait l’influence irréversible de l’activité humaine sur le réchauffement climatique. Il aura fallu attendre 2018, et la COP24, pour que le secteur du bâtiment et de la construction soit désigné comme un des principaux responsables de la situation.

Les faits sont là : le secteur de la construction est responsable de 40% des émissions de gaz à effet de serre. Si nous ajoutons à cela les 20% liés aux transports (induits par les choix urbanistiques), il peut être compris que nous, les bâtisseurs, sommes potentiellement responsable de 60% des émissions mondiales.

Par « bâtisseurs », Philippe Madec englobe tous les professionnels du bâtiment et de l’aménagement du territoire.

Nous avons donc tous, au sein du cluster ecobuild.brussels, un rôle et un impact positif à avoir sur la situation. Et c’est d’ailleurs ce qui nous lie au sein du cluster.

Mais que vient faire la « frugalité » dans tout cela ?

Étymologiquement, Philippe Madec nous rappelle que la « frugalité » signifie la « récolte du fruit de la terre », mais aussi « la sobriété, la simplicité et la modération ».

A travers ce terme, nous sommes invités à faire mieux avec peu, ou « mieux avec moins ».

L’homme doit s’inspirer de la nature qui produit avec sagesse et tempérance.

Cessons la monoculture du béton.

Récoltons ce que la terre nous offre, sans l’abîmer, et orientons-nous vers les techniques ancestrales (le bois, la terre) avec le savoir-faire artisanal de l’homme.

La question de la réhabilitation du « déjà-là » doit également être au cœur de nos démarches.

La construction neuve correspond, chaque année, à environ 1% du bâti déjà existant.

Il faut donc logiquement s’attaque à l’amélioration des 99% existants pour espérer un impact positif. La destruction du déjà-là n’entrainerait que des dépenses d’énergie supplémentaires.

Ménageons donc l’existant, plutôt que de l’aménager.

Prenons soin de ce qui existe. Adaptons-le, étendons-le, réhabilitons-le.

C’est une part importante de la réponse aux enjeux actuels.

La conception bioclimatique, la construction en bois, les isolants biosourcés, la terre crue et la low-tech sont autant de principes que nous connaissons, et que nous appliquons déjà parmi les membres du cluster. Force est de constater que ces démarches ne sont pas encore totalement ancrées dans les habitudes de tous les bâtisseurs.

Mais le mouvement est en marche. À ce jour, le manifeste « Pour une Frugalité heureuse & créative »  compte près de 13.000 membres répartis dans 87 pays. La Belgique ne compte encore que 371 signataires…

Par cet article, je vous invite donc à lire ce manifeste, à le signer, si vous adhérez au programme, et à vous rappeler de cet engagement en tant que bâtisseurs responsables.

Auteur : Cédric Callewaert, Architecte co-fondateur & associé chez AUXAU atelier d’architecture

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