Sur le chantier de l’immeuble du ZIN, on parle de « béton vert ». De circularité, de réemploi des matériaux, de certification « Cradle to Cradle ». Aujourd’hui considérée comme l’une des activités économiques les plus polluantes, la construction change sa brique d’épaule. Elle innove et adopte des pratiques durables. Sur le ZIN, les sociétés Befimmo et BESIX réaliseront une première mondiale. Bienvenue dans le monde de la construction de demain. Bienvenue à Bruxelles, au cœur du Quartier Nord !
Le secteur de la construction est aujourd’hui le plus gros consommateur de matières premières et l’une des activités économiques les plus polluantes. Il représente à lui seul 30% des émissions de gaz à effet de serre et est responsable de 40% de la production des déchets dans le monde. Si le secteur est bien un pollueur majeur, cela signifie également qu’il peut jouer un rôle déterminant pour rendre le monde plus durable. Certaines entreprises s’y attellent activement. Quant à leurs clients, ils imposent de plus en plus fréquemment de nouvelles exigences en matière de durabilité et de circularité.
Le projet « ZIN « , développé par Befimmo en bouwteam avec l’entreprise générale BESIX, en est un exemple concret et prometteur. Les tours 1 et 2 du World Trade Center bruxellois, à deux pas de la Gare du Nord, appartiendront bientôt au passé. Elles font l’objet d’une rénovation majeure dont naîtra l’espace multifonctionnel du ZIN, accueillant des bureaux, logements et services hôteliers sur 110.000 m². D’ici quelques années, l’Administration flamande y établira ses services (dans la partie bureaux).
ZIN n’est pas un projet de construction comme les autres. Une des ambitions fortes du ce développement a été d’intégrer le concept d’économie circulaire de la manière la plus complète et cohérente possible. C’est ce qu’ont fait Befimmo et BESIX, avec l’aide de Drees & Sommer, un consultant spécialisé en circularité. Dans ce domaine, toutes les bonnes pratiques sont au rendez-vous : inventaire des matériaux, réemploi d’un maximum de matériaux ou encore certification « Cradle to Cradle ». Befimmo et BESIX vont même plus loin. Elles innoveront, grâce au développement et à l’utilisation d’un béton « vert », circulaire et émettant peu de CO2. Une première mondiale.
LA CIRCULARITE AU CŒUR DU PROJET
La circularité constite donc le point de départ du projet. Elle explique par exemple le choix de préserver une grande partie de la structure existante des tours existantes. Sur le plan environnemental, cela permettra de réduire de 50.000 le nombre de trajets de camions nécessaires pour l’évacuation de matériaux. Le réemploi des matériaux lui-même est particulièrement poussé. Des anciens bâtiments WTC, 63,4% des matériaux existants seront conservés, 0,6% (soit 1.646 tonnes) seront réutilisés sur d’autres sites et 31,3% seront recyclés. 4,7% des matériaux seulement, en l’occurrence ceux contenant de l’amiante, seront mis en décharge.
Cette performance est le résultat d’un travail d’inventaire minutieux, réalisé avant les démolitions. C’est ce même travail qui a permis de trouver des repreneurs pour certaines catégories de matériaux, une initiative particulièrement poussée dans le cadre du ZIN. Des repreneurs ont notamment été trouvés pour des matériaux qui ont habituellement une valeur de reprise insuffisante. En tout, 450 tonnes de matériaux, notamment des faux-planchers, des portes ou encore des dalles, ont déjà été démontés et ont trouvé un repreneur. C’est par exemple le cas d’un isolant acoustique, qui équipera prochainement une école bruxelloise, ou des habillages de colonnes qui ont servi pour fabriquer les étagères d’un magasin spécialisé dans l’économie circulaire.
CRADLE TO CRADLE
97% du poids total des matériaux neufs seront certifiés « Cradle to Cradle » (C2C) ou équivalent. Cette certification garantit entre autres que les matériaux sont sains, partiellement issus du recyclage, et demandent peu d’énergie lors de leur production.
97% n’est pas un chiffre anodin. A titre de comparaison, le projet le plus ambitieux mené à Paris par Drees & Sommer, a atteint 30% sur chaque corps d’état. Pour parvenir à un tel niveau de certification C2C, ce sont les fabricants eux-mêmes qu’il faut convaincre de produire différemment. Au ZIN, cette exigence C2C inclut même le béton, ce qui constitue une première mondiale.
LE BETON VERT
Le béton classique est un matériau recyclable qui présente une durée de vie importante. Le problème central est lié à sa fabrication, qui émet énormément de CO2 et demande de grandes quantités de matières premières, en particulier des granulats et du sable. En d’autres termes, on peut difficilement affirmer que l’on construit un bâtiment réellement durable avec du béton classique.
BESIX a donc participé au développement d’un béton « vert ». Concrètement, plusieurs aspects ont été intégrés dès sa conception, du choix d’un ciment à faible empreinte carbone à l’emploi de granulats recyclés au-delà des normes. Outre le fait que ce béton sera coulé sur place et préfabriqué, il sera certifié C2C ou équivalent. Cela exige un travail de sensibilisation et de partenariat avec les fabricants, un béton C2C n’ayant jamais été produit auparavant. L’impact de cette démarche peut être énorme : il peut potentiellement pousser le monde du béton à évoluer vers un modèle écologique, qui pourra perdurer et s’étendre, bien au-delà du ZIN.
C’est d’ailleurs également le cas de la circularité et de son impact global sur le coût de la rénovation du projet. Ces aspects seront suivis méticuleusement, ce qui permettra de populariser les bonnes pratiques. Dont on pourra dire qu’elles ont grandi à Bruxelles. Au cœur du Quartier Nord.
Toutes les infos sur l’aspect circulaire du projet
Photos et schéma © Befimmo/Jaspers-Eyers/51N4E/L’AUC
Auteur: Gaëlle Vervack, Sustainable Construction Expert chez Besix
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