Même si elles existent depuis des centaines voire des milliers d’années dans certaines parties du globe, les toitures végétalisées gagnent encore à être découvertes du grand public. Nombreux sont ceux qui ont encore des croyances négatives à leur sujet. Cela met à mal la réputation de ce type d’installation aux nombreux atouts.
Malgré cela, des projets de toitures vertes fleurissent en milieu rural ou urbain. Leurs avantages sont nombreux tant pour améliorer la valeur du bâti que le confort de vie des occupants du bien. Cela tombe à point car on estime que 70% de la population mondiale vivra en ville en 2025. Nombreux sont les architectes ou promoteurs qui les ont intégrées dans leurs pratiques pour améliorer l’environnement et le cadre de vie.
Les toitures végétalisées présentent-elles un coût inabordable ? Est-ce que leur mise en œuvre est si inaccessible ? Les avantages sont-ils remarquables ?
Une réflexion approfondie en amont ainsi qu’une mise en œuvre scrupuleuse sont évidemment indispensables. A cet effet, la NIT 229 ainsi que les normes FLL sont des éléments de base pour une mise en œuvre impeccable. La toiture végétalisée est étroitement liée à des éléments de stabilité et d’étanchéité. Ceux-ci doivent être vérifiés et dans certains cas restaurés comme par exemple pour une rénovation de bâti. On peut par exemple procéder au test d’étanchéité d’une toiture plate d’une annexe avec un revêtement bitumeux. Les tests sont tels qu’une mise sous eau ou un test de fumée par des professionnels agréés. Idem pour la stabilité du bâtiment, un ingénieur en stabilité pourra émettre un avis quant à la charge admise sur la toiture. La végétation d’une toiture végétale et le substrat (terre de support des végétaux) s’imprègnent d’eau lors des averses. La toiture fonctionne alors comme une éponge. Sa masse augmente et les débits d’eau sont modifiés via un temps de retour variable de ces débits. Il y a un effet tampon précieux qui permet de s’inscrire dans une lutte globale contre les inondations.
Les toitures vertes sont classées selon leur aspect, leur utilisation (terrasse, parking, panneaux photovoltaïques, etc) et le type de végétation. On distingue aussi le nombre de couche qui la constitue : membranes et feutres de protection anti-racine, drainage en membranes et graviers de pourtour, systèmes modulaires de rétention d’eau, substrat adapté au type de végétation (pierres de lave, gravier, pouzzolane, …) , végétation adaptée au type de toiture verte (vivaces, annuelles, graminées, bulbes, arbustes et même arbres de moyenne grandeur). Par exemple, en tant que particulier, si vous êtes séduits par ce type de projet, vous pourrez choisir entre deux types de toitures vertes.
Une toiture végétale de faible épaisseur, avec un max de 13cm au total, elle est appelée toiture « extensive ». Elle est soumise au taux de taxation 6% par l’état et est caractérisée par une végétation de type sedums avec des herbacées, mousses, lichens ou des plantes aromatiques. Ce sont des toitures végétales relativement légères puisqu’il est possible de végétaliser un toit plat avec des charges à partir de 55-60kg/m² selon les matériaux mis en œuvre. Les systèmes plus lourds atteignent une centaine de kilos au m². Une toiture végétale semi intensive ou intensive de type jardin-terrasse est constituées d’épaisseurs de substrat allant au-delà et d’une végétation plus diversifiée comme un jardin ornemental et un potager, des arbustes et des arbres. Les toitures végétalisées intensives amènent une charge bien supérieure avec au minimum 150kg/m² et jusqu’à 400kg/² voire davantage.
La végétalisation d’une toiture offre un large panel de solutions tant pour les matériaux que pour les végétaux. Chaque projet doit être étudié au cas-par-cas selon les usages envisagés de la toiture. Il est important de concevoir le projet sur base des contraintes techniques telles que la stabilité, l’étanchéité ou les ruissellements qui sont analysés en amont. Ensuite, le type de végétaux (et le substrat) dépendra bien sûr aussi du résultat attendu. Qu’il s’agisse d’un potager en bacs avec un arrosage goutte-à-goutte ou d’une terrasse avec une végétalisation extensive de type vivaces, annuelles et sedums avec une aire de repos.
A ce titre la NIT 229 précise les toitures jardins légères comme des toitures vertes recouvertes de végétation intensive peu élaborée. Les plantes sont alors caractérisées par du gazon et certaines plantes ornementales à croissance lente et au système racinaire adapté. Il est important de noter que certains végétaux sont à éviter (voir liste NIT 229) tels que le robinier ou les saules à cause de leurs systèmes racinaires puissant qui peut endommager l’étanchéité de la toiture.
Comme pour un jardin, des facteurs tels que l’orientation et le vent doivent être pris en considération. Les sedums ne se plaisent guère sur une toiture exposée plein NORD ou avec une ombre portée d’un immeuble. Les mousses se développeront alors en quantité vu que les conditions seront idéales. La maintenance et l’arrosage seront aussi des gages d’une toiture végétalisée bien verte et fleurie. L’arrosage doit être minutieux et ciblé lors des canicules afin d’économiser l’eau. Il sera par exemple effectué à la main sur une annexe d’un rez à l’aide d’un tuyau d’arrosage ou d’un arrosoir selon les accès. On peut aussi installer un disperseur programmé sur une toiture végétale inclinée exposée au SUD-SUD-OUEST et aux vents asséchants.
La toiture verte exerce deux actions sur l’égouttage en région urbanisée : elle diminue la quantité totale d’eau pluviale rejetée et réduit en même temps le débit de pointe des averses. Plus concrètement, dans une étude réalisée par Buildwise, le rôle de rétention d’eau a été mis en évidence lors d’une étude qui comparait plusieurs types de toitures végétalisées, nues et lestées de graviers. Les scores mesurés de rétention annuelle étaient de l’ordre de 30% pour les toitures extensives et 50% pour les toitures intensives étudiées. Différents facteurs ont une influence comme l’épaisseur de substrat, les types de drainages et les végétaux. L’eau de ruissellement d’une toiture verte est impactée parce qu’elle traverse différentes couches de substrat et drainage, ruisselle sur les matériaux et la membrane d’étanchéité. Le substrat et les matières organiques impactent la couleur de l’eau de ruissellement via des colorations jaunes. On peut aussi observer une diminution de l’acidité ou une augmentation du PH.
L’entretien peut être assez simple pour une toiture végétalisée extensive de sedums mais il ne faut pas le négliger. Il peut se limiter dans la plupart des cas à un examen visuel quotidien ou hebdomadaire afin de déceler toute anomalie comme un changement de couleur des végétaux qui peut entrainer leur mort s’il n’est pas pris en compte. En intervenant à un stade précoce, on évite des rénovations lourdes onéreuses. On met habituellement de l’engrais 2x par an, et si nécessaire, on arrache les plantes indésirables. C’est l’occasion aussi de vérifier les évacuations pluviales, les zones de drainage en graviers et d’éventuels amas de feuilles ou matières organiques. On prendra garde lors des entretiens et de la maintenance à respecter les normes de sécurité en vigueur. Dans certains cas, l’arrimage du personnel technique est obligatoire via des systèmes fixes de sécurité.
Une maison plus confortable avec un toit vert ? Il suffit d’interroger une personne qui occupe un bâtiment doté d’une toiture végétale pour entendre les bienfaits sur l’amélioration du cadre de vie. Par exemple d’un point de vue acoustique, les bruits sont atténués. Et d’un point de vue thermique, même si elle ne remplace pas une isolation de qualité mise en œuvre selon les bonnes pratiques, la toiture végétalisée apporte un gain dans la diminution de l’amplitude des températures.
Le confort de vie est amélioré. A titre d’exemple, une étude a été réalisée sur un toit végétalisé à Kassel en Allemagne (« Végétaliser son toit » Gernot Minke , ed. Terre Vivante), toit composé de végétation dense herbacée et graminées sauvages sur substrat léger 16cm.
Avec des températures qui grimpent jusqu’à 30°C en journée en été, la température au niveau de la couverture de toit sous la couche de substrat n’a pas dépassé 17,5°C.
Impressionnant quand on sait aussi qu’un revêtement d’étanchéité bitumeux ou EPDM noir peut aisément atteindre les 60°C!!…
idem en hiver, alors que la température mesurée descendait à -14°C, la température du substrat n’est pas descendue sous 0°C.
Cette diminution des variations de température permet de comprendre aisément que la végétalisation d’une toiture apporte une protection contre le vieillissement des membranes d’étanchéité puisque celles-ci sont endommagées par les UV, infrarouges et les variations de températures. La végétalisation d’un toit accroit donc la durée de vie de cette toiture.
L’amélioration de la qualité de vie va de pair avec un milieu urbanisé composé de toits verts en nombre. En effet, les végétaux stimulent le bien-être des habitants et occupants par leur l‘esthétique et leur production de fleurs, de fruits et légumes comestibles. Ils embellissent le quartier et la ville et améliorent la biodiversité. Ils diminuent l’effet d’ilot de chaleur urbain par rafraichissement, soutiennent le cycle de l’eau par atténuation des ruissellements et via l’évapotranspiration. Ils interviennent aussi dans la qualité de l’air puisque les végétaux purifient l’air en séquestrant le CO2 tout en produisant le l’oxygène, et capturent les particules fines et les poussières.
S’il vous reste des craintes quant aux risques liés aux toits verts, le risque d’incendie est fortement réduit voire inexistant si les normes FLL sont respectées dans la mise en œuvre. On mettra des épaisseurs de substrat de 3cm minimum et la composition de celui-sera de maximum 20% de matière organique pour une épaisseur de substrat de 10cm.
Que ce soit en milieu urbain ou rural, bénéficier des atouts d’une toiture verte est un réel plaisir pour les utilisateurs, surtout à l’heure où le climat rend les étés torrides avec des sécheresses prolongées et des températures fréquemment suffocantes. Ces périodes de canicules se reproduiront dans le futur et les toitures vertes nous aideront à mieux vivre ces changements.
Installés entre amis autour d’un bon repas sur une toiture verte, on retrouve alors un peu de respiration et de fraîcheur dans un cadre réjouissant qui amène à la détente et à la sérénité.
Auteur: Violette PENASSE – VESTACULTURE
Lisez aussi: Rendre le bâti performant énergétiquement et environnementalement ne peut s’improviser; Low tech comme moyen de réduire l’impact environnemental caché des bâtiments; La construction bois, un pilier du Green Deal européen; Concevoir les rénovations futures; Collaborez avec les chercheurs des Hautes Écoles du réseau SynHERA pour donner vie à vos projets d’innovation