Douze membres et partenaires d’ecobuild.brussels ont passé deux jours à Stockholm début octobre pour découvrir la recette de son développement durable exemplaire. On vous raconte ce qu’ils y ont appris.
Un marché attractif
Stockholm est une ville en plein boom démographique. D’ici 2030, 140.000 nouveaux logements doivent être construits. Un vrai défi de densification urbaine. Les coûts de construction sont les plus élevés d’Europe, la main d’œuvre manque, et la concurrence est faible. La Suède est également caractérisée par une grande transparence : par exemple, tout l’historique immobilier d’un bâtiment est consultable par tout un chacun. Un marché attractif pour les entreprises étrangères, donc.
Une approche durable holistique
En Suède, le concept de smart city englobe toute initiative qui œuvre pour une ville plus « intelligente », c’est-à-dire plus qualitative et durable. Sont pris en compte la qualité de l’air, les énergies renouvelables, l’économie circulaire, la digitalisation, le chauffage urbain, la mobilité, la gestion de l’eau, la gestion des déchets, etc.
Par ailleurs, les trois niveaux de pouvoir (état, régions, communes) sont imperméables et s’alignent selon le principe du consensus. Les communes sont les seules actrices de la planification territoriale, ce qui leur permet d’entreprendre des mesures ambitieuses et à long terme. En témoignent ces réalisations à Stockholm :
- Près de 100% du parc immobilier sont connectés au chauffage et à la ventilation urbaine.
- L’ensemble des bus roulent aux énergies renouvelables, principalement du biogaz.
Enfin, les préoccupations environnementales sont ancrées dans les mentalités, la participation citoyenne est au cœur des nouveaux développement urbains (par exemple, les éco-quartiers de Hammarby Sjöstad et du Royal Seaport), et le bâton est préféré à la carotte : les mauvais comportements sont sanctionnés, plutôt que les bons comportements récompensés. Cela a amené le marché suédois à devenir de lui-même ambitieux sur le plan durable, avec peu d’interventions des pouvoirs publics.
Photo: Stockholm Royal Seaport
Un processus de construction en deux phases
En Suède, les phases de conception et d’exécution d’un projet sont séparées. L’équipe qui conçoit le projet n’est donc pas celle qui le construit. Avantage : la conception est très poussée et adaptable, afin de résister aux éventuelles modifications des autres intervenants. Inconvénient : l’architecte peut être frustré du résultat. Ainsi, le bureau d’architecture Urban Design nous a présenté des designs audacieux réalisés pour des projets techniques.
Les réglementations sont basées sur les performances du bâtiment plutôt que les moyens de les atteindre. Le maître d’ouvrage introduit une déclaration des performances vérifiables qui seront atteintes, et est libre des moyens pour y arriver. Les permis sont ainsi délivrés à partir des résultats obtenus plutôt que la prescription des moyens.
L’expertise de la construction en bois
La Suède est couverte à 70% de forêts. Pour chaque arbre coupé, 2 à 3 arbres sont plantés. Autant dire que le bois y est une ressource renouvelable. Les architectes et entreprises suédoises ont développé une expertise historique en construction bois, commencée dès le 14e siècle. Pour l’anecdote, le palais royal à Stockholm (17e siècle) est ainsi le plus grand bâtiment en structure bois de Suède. Le savoir-faire des techniques anciennes tend à diminuer, mais est compensé par les développements et innovations continus proposés par les entreprises du secteur.
Nous remercions tous les acteurs suivants de nous avoir rencontrés et introduits au marché suédois de la construction durable:
- l’Ambassade de Belgique en Suède
- Business Sweden
- Equator
- Folkhem
- Smart City Sweden
- Stockholm Royal Seaport
- Swedish Architects
- Swedish Wood Building Council
- Urban Design
- Vaxjö kommun
- White Architects
Pour en savoir plus sur ce voyage d’étude, contactez Emmanuel Malfeyt.