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Replay du webinar Construction 21 sur Bâtiment & neutralité carbone

Le 5 juin dernier, Construction21 animait, à l’occasion de la journée de webinars pour la Relance verte, une conférence sur le sujet « Bâtiment et neutralité carbone ».

Trois experts* de la construction durable ont été invités pour croiser leurs visions autour de 3 enjeux-clés du bâtiment : la rénovation, l’énergie et le bas carbone. Vous avez manqué le webinar ou souhaiteriez le revoir ? Regardez le replay et téléchargez la présentation ! Vous trouverez aussi les réponses aux questions posées pendant la conférence.

Accéder au replay

Télécharger la présentation

  • *Julien Hans, directeur Energie-environnement au CSTB
  • Laurent Rossez, président de Novabuild et directeur général adjoint d’AIA Life Designers
  • Marc Campesi : dirigeant Diagonale Concept

Ce webinar proposé et animé par Construction21 a eu lieu dans le cadre de la journée « Relance verte ».

 

Les réponses à vos questions

1) Objectif 500 000 rénovations/an, mais à peine 100k réalisées, le plan rénovation thermique n’arrive toujours pas à décoller. Comment faire ?

J. Hans : Il y a 3 blocs d’actions : 

Donner envie aux gens > pour l’instant, la rénovation n’est pas désirable, ça ne fait pas rêver.

Il faut aussi donner envie dans le processus de mise en œuvre > qui m’accompagne ? Pour l’instant, le processus est long, je n’ai pas d’interlocuteur unique.

La formation > on n’a pas les bras, les gens formés, ni le volume. On n’a pas l’offre de terrain des entreprises pour gérer une montée en puissance.

L. Rossez : On pourrait imaginer une incitation fiscale à la revente des biens – une partie de la revente serait réservée à la rénovation.

2) Accélérer la formation dans les études d’architecture ? Formation biosourcés ?

M. Campesi : Il me paraît urgent d’intégrer une approche éco-responsable dans toutes les formations (ingénieurs, architectes, designers, techniciens, métiers manuels ainsi que les banquiers et commercialisateurs immobiliers). L’intelligence collective est la clef.

3) Que pensez-vous du décret Tertiaire qui va obliger de diminuer de 60% les consommations énergétiques finales des bâtiments tertiaires privés et publics mais ne prend pas en compte le bilan carbone ?

M. Campesi : Certes ce dispositif est imparfait, mais il va inciter les investisseurs à agir sur le volet énergétique et ce ne sera pas par peur de la sanction qui est au demeurant peu dissuasive. Les investisseurs patrimoniaux ne souhaitent pas prendre le risque de placer leurs fonds dans un bien dont la valorisation à terme sera dégradée. Le carbone suivra naturellement l’énergie, les enjeux carbone s’inscrivent de plus en plus dans la politique RSE des entreprises depuis 1 an ou 2 ans. L’étiquette énergétique et carbone parfois approximative a le mérite de faire évoluer les comportements d’investissement. Qui achète un « frigo » de catégorie D ? il a d’ailleurs disparu du marché. Il en sera de même pour l’immobilier pour l’étiquette énergétique et carbone !

4) La rénovation doit aussi tenir compte de la biodiversité, dont la gestion durable de la forêt. Vous n’avez pas abordé le rôle du matériaux bois dans l’impact non seulement bas carbone mais aussi sur la biodiversité.

M. Campesi : J’ai évoqué ce sujet très brièvement au début de mon intervention. La biodiversité est au cœur de mes préoccupations. Sans biodiversité, plus de vie sur Terre. Le bois est un matériau plein de vertus sous réserve de prendre en compte tous les impacts au cours de son cycle de vie :  ses impacts sociaux, économiques et environnementaux de sa production à sa fin de vie. Le bois qui parcourt 2 000km en camion ou issu d’une forêt non gérée détruisant un écosystème naturel ou économique local est proscrit. Le bois absorbe le carbone lors de la pousse des arbres sans comparaison avec une plante ou des fibres. Tous les produits bio-sourcés ne sont pas des puits à carbone aussi importants, mais ils ont souvent d’autres vertus (déphasage pour le confort d’été, hygrorégulation, qualité de l’air…). 4 heures de conférences n’y suffiraient pas ! Le bois est porteur d’avenir mais pas dans n’importe quelle condition.

5) Quelle base de données utilisez-vous pour évaluer les émissions CO2 ? ADEME Base Carbone label E+C ? Est-ce validé dans un décret ?

J. Hans : La RE2020 s‘appuie sur la base INIES. Elle sert de référence pour les émissions CO2 .

6) Quelle méthodologie a été utilisée pour le graphique en diapo 17 sur le changement climatique entre maintenu et rénové ?

J. Hans : Test HQE Performance ACV rénovation. 

7) Quelle quantité d’énergie est stockée dans le réservoir en kWh chaud et en froid ?

M. Campesi : La quantité nécessaire à une année de chauffage. La roche possède une capacité de stockage de calorie considérable. Sa température à 150 m est de 14° et remonte de 3/5 degrés en été dans un rayon de 3 ou 4 mètres autour de la sonde soit 17 à 18 °C. En été, il suffit de faire circuler l’eau fraîche des sondes dans les planchers réversibles du bâtiment pour récupérer les calories et abaisser la température de l’air. C’est la chaleur fatale : on récupère cette énergie gratuite pour la stocker dans les sondes. Les pompes de circulation sont alimentées par des panneaux PV en autoconsommation. Pas d’énergie consommée pour rafraîchir.

C’est magique ! Non, c’est du bon sens…

8) Est-il possible de penser ce type de rénovation (KTR) en masse aussi bien en termes d’urbanisme (il faut du terrain) qu’en termes de matériaux ?

M. Campesi : Il est possible de décarboner des quartiers entiers et de massifier. La mutualisation de ces processus est souhaitable et réaliste.  Pas besoin de surfaces importantes pour placer des sondes et pas de contraintes d’aménagement au-dessus des sondes. La solution KTR est bien duplicable à l’échelle de villes et de quartiers. Certes, la possibilité d’installer quelques panneaux hybrides en toiture peut être limitée par les règles d’urbanisme. Mais il faudra bien choisir entre la canicule estivale, l’urgence à décarboner et la préservation du patrimoine ou alors il faudra composer… Quant aux sondes, il est possible de les installer sous la chaussée du domaine public dans le cadre de rénovation en milieu urbain, mais, là encore, le législateur devra faire un pas en avant… Tout est stratégie et volonté politique, sur le terrain nous avons la solution. Mais, « blabla, blababa, il faut que, c’est difficile, etc. »

 

Source: Construction21