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Orienter la construction vers des matériaux durables : les 3 piliers d’une transition réussie

Les matériaux, nouveau focus de la construction durable  ?

Le secteur de la construction est responsable de 40% des émissions de carbone et de 30% des déchets produits. Dans ce contexte, la décarbonation des matériaux de construction joue un rôle crucial. C’est particulièrement le cas du béton et de l’acier qui représentent tous deux des matériaux à forte intensité carbone et émettant une quantité significative de gaz à effet de serre lors de leur production.

Chez Natura Mater, nous accompagnons les professionnels depuis 4 ans pour réduire l’impact des matériaux dans leurs projets. Notre méthodologie, qui s’est d’abord développée intuitivement, rejoint celle récemment publiée par les Nations Unies (mentionnée dans son rapport intitulé « Building Materials and the Climate: Constructing a New Future »). Elle propose une approche stratégique basée sur 3 piliers à suivre dans l’ordre « Avoid – Shift – Improve ». On y met d’abord l’accent sur l’évitement des matériaux à forte intensité carbone nécessitant l’extraction de matières premières. Si cette étape s’avère impossible, l’option suivante est de passer à des matériaux régénératifs permettant de stocker du carbone. En dernier recours, on fait appel à des matériaux existants améliorés.

Avoid

Le premier pilier « Avoid » vise à éviter toute extraction de nouvelles matières premières, et donc l’utilisation de matériaux neufs. Dans cette optique, il est crucial de promouvoir la rénovation et d’éviter au maximum les démolitions et les constructions neuves. Ce premier pilier implique également de réduire (voir d’éviter complètement, osons rêver) le surdimensionnement des structures en acier et en béton. En évitant ces surdimensionnements, des études ont en effet démontré qu’il est possible de réduire jusqu’à 30 % de l’impact environnemental d’un bâtiment.

Finalement, dans ce premier pilier, le réemploi des matériaux existants est d’une importance particulière, car il permet non seulement de prolonger la durée de vie des matériaux, et donc d’éviter un déchet, mais il permet d’éviter également la production d’un nouveau matériau, et donc, l’extraction de nouvelles ressources primaires. Dans ce contexte, nous avons donc la chance en Belgique d’avoir un écosystème du réemploi particulièrement dynamique, avec des acteurs pionniers tels que Rotor DC, mais aussi de nouveaux venus tels que Coliseum et même spécialisés comme Composil ReUse (moquette) et Mobius (faux planchers techniques).

Shift

Si l’évitement de nouveaux matériaux n’est pas possible, le second pilier « Shift » encourage une transition vers les matériaux biosourcés, qui permettent de stocker du CO2 et se régénèrent à une échelle de temps pertinente. Bambou, paille, chanvre, mais aussi coquillages et fibres animales… Les matières premières sont quasiment infinies. Chez Natura Mater, on ajoute à ce pilier les matériaux issus de la terre crue, quasi neutres en carbone.

Les deux exemples qui viennent le plus souvent à l’esprit sont l’utilisation du bois pour les structures (à condition qu’il soit certifié bien sûr) et les isolants. Il existe en effet une variété d’isolants biosourcés qui permettent de répondre à quasiment tous les besoins. Mais le biosourcé ne s’arrête pas là. Les matières premières végétales, animales et en terre crue sont représentées dans pratiquement toutes les familles de matériaux : maçonneries, panneaux, enduits, peintures,.. On pense notamment aux blocs de chaux-chavre ou de terre crue (bien de chez nous !) qui proposent des alternatives pour des structures moins imptactantes.

Improve

Le dernier pilier « Improve » consiste à améliorer la décarbonation des matériaux « conventionnels » pour réduire leur empreinte carbone. Ce pilier se concentre souvent sur la réduction de l’énergie nécessaire pour produire les matériaux que l’on appelle communément l’énergie grise.

Enfin, l’utilisation des matériaux à haute valeur recyclée est dans l’aspect crucial du pilier « Improve ». Il est bien entendu nécessaire de privilégier les matériaux dont la composition inclut une proportion élevée de matériaux recyclés. Il serait absurde qu’un matériau recyclé nécessite plus de matière neuve que ce qu’il permet de recycler.

Auteur : Camille Mommer, Co-founder | Science & Partnerships chez Natura Mater et Vice-Présidente du cluster ecobuild.brussels

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