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MIPIM 2023 : les maîtres mots de la durabilité

Lors de la conférence « Brussels Builds Greener » qui s’est déroulée le mardi 14 mars 2023 à 15h30 sur la Pavillon belge au MIPIM à Cannes, Mister Emma a posé la question suivante aux orateurs et oratrices : « Que représente le mot sustainabilité pour vous et votre entreprise ? Est-ce un outil marketing ? Une conviction ? Une obligation ? l’ADN de l’entreprise ? En quoi cela se concrétise-t-il dans les faits ?« 

Cinq mots, cinq lignes directrices, cinq concepts sont ressortis de cet échange : la flexibilité, la recherche et développement, la construction bois, l’humain et les critères ESG.

Pour John Eyers, CEO – Jaspers-Eyers architects, « la durabilité, c‘est la manière dont on intègre un bâtiment dans son environnement. C’est l’impact qu’un bâtiment a sur son environnement. C’est aussi sa consommation d’énergie et aussi la manière dont un bâtiment peut être adapté dans le futur.« 

La flexibilité est donc le premier maître mot qui reviendra régulièrement dans les échanges. Pour illustrer ses propos, John Eyers mettra en avant le nouveau siège social de BNP Paribas Fortis (voir la vidéo) que l’entreprise a développée en collaboration avec le bureau d’architecture autrichien Baumschlager Eberle et le projet ZIN développé en collaboration avec le bureau d’architecture 51N4E, dans le quartier Nord-Manhattan de Bruxelles, pour le compte de Befimmo. Projet qui devrait se terminer fin 2023. (en savoir plus)

BNP Paribas Fortis – ©Jaspers-Eyers Architects

Toujours dans le quartier Nord de Bruxelles, pratiquement en face du ZIN, sur le site du Centre de Communication Nord (CCN), Stephan Sonneville, CEO – ATENOR et Aurel Gavriloaia, Head of Business Development – AG Real Estate ont présenté conjointement NOR.BRUXSELS. NOR est l’acronyme de Networked Offices and Residential, un nom qui illustre parfaitement le dynamisme et l’innovation de ce projet mixte de bureaux, de logements, de commerces et d’équipements ainsi que d’un hub de mobilité. La partie bureaux proposera 92.000 m2 d’espaces de travail modernes et flexibles, conçus pour le confort et le bien-être, elle offrira également un grand rooftop avec vue sur la ville et des loggias sur plusieurs étages.

« Le site possède tous les atouts pour accueillir un réaménagement emblématique de la vie urbaine moderne. Situé au cœur d’un quartier en pleine mutation, ce projet devrait être une parfaite représentation des villes de demain alliant densité, diversité fonctionnelle maximale et espaces publics de qualité. De par sa localisation, NOR.BRUXSELS bénéficie d’une connexion exceptionnelle au pôle de transports en commun puisqu’il dispose d’une gare routière intégrée et d’un accès direct à la Gare du Nord et au métro. En termes de développement urbain, le projet est la pierre angulaire du renouveau du quartier Nord et cherche ouvertement à en faire à la fois un lieu de passage fluide et un espace de vie et de travail agréable.« 

NOR BRUXSELS – ©ATENOR + AG Real Estate

Pour Jérôme Verdussen, COO Partner – ARCHi2000, « la durabilité est une conviction profonde. ARCHi2000 existe depuis 30 ans. C’est une société qui a connu plusieurs générations et donc, évidemment, elle évolue. Elle évolue avec son temps et son époque. Nous reconnaissons que nous avons un rôle à jouer pour la ville de demain en tant qu’architecte et nous nous y employons au travers de la cellule ‘durabilité’ que nous avons créée au sein d’ARCHi2000. Cette cellule tente, autant que faire se peut, de conceptualiser des immeubles qui sont exemplaires en termes de durabilité.« 

La cellule « Recherche et développement » est le second maître mot que les orateurs développeront dans leurs échanges. En marge de la conférence, une personne dans l’audience a posé la question « pourquoi ces entreprises ouvre-t-elles toutes une cellule R&D dans leur entreprise ? N’y a-t-il là une opportunité de se regrouper au lieu de chacune ré-inventer la roue de son côté ? ». Il est certainement une piste de réflexion pour les pouvoirs publics, pour le cluster ecobuild.brussels et pour les entreprises privées.

Christophe Snoeck, Architecte Partner – ARCHi2000, a présenté le projet Monteco : « Nous avons commencé à étudier ce projet en 2018. On l’a réceptionné en 2022 pour le compte de NEXTENSA et ION. Il s’agit du premier bâtiment en structure bois considéré comme élevé vis à vis de la réglementation incendie. Outre les raisons environnementales qui ont guidé notre choix du bois comme matériau de structure, nous avons aussi mis le bois à l’honneur en le laissant visible au maximum. On se situe dans un quartier très intense, avec de très fortes proximités et une parcelle très petite. Le fait de construire en préfabriqué et donc avec une méthode de construction sèche, nous a permis de garantir un respect du quartier, c’est à dire qu’on travaille avec des boulonnage de vis, des plaques métalliques et on ne fait pas de poussière. Grâce à cetteméthode de construction, nous avons économisé 65.000 litres d’eau. Tout nous pousse à penser que, demain, ce type de construction est promis à un bel avenir et constitue une réponse tout à fait cohérente aux enjeux d’une ville comme Bruxelles. »

Monteco – ©ARCHi2000

La construction en bois est le troisième maître mot lâché par les orateurs. ArtBuild Architects mettra également en avant ses nombreuses constructions en bois. David Roulin, CEO – ArtBuild Architects nous explique : « En ce qui nous concerne, la durabilité ne passe que par les réalisations, c’est à dire que chaque réalisation est une opportunité, celle de monter les curseurs de la durabilité le plus haut possible.
Je pourrais, par exemple, citer le projet du Centre international de recherche sur le cancer à Lyon (CIRC), que nous venons de livrer. Il est emblématique de notre méthode qui consiste à la fois à faire du sur mesure par rapport à un programme et à un utilisateur final, et en même temps à profiter de l’opportunité qui nous est offerte pour un bâtiment emblématique d’y mettre de l’innovation partout où on peut !
Et donc notamment, on a pu y exploiter notre savoir-faire en construction bois mais aussi – ce qui nous est cher – innover en matière de systèmes passifs pour se protéger de l’ensoleillement sans dépense d’énergie : ici, avec les fleurs en métal à mémoire de forme et traiter la double peau en verre photochromique. Chaque projet est donc unique, c’est un prototype dans lequel nous essayons d’y amener de l’innovation.
La durabilité, la circularité est un devoir. Je l’appelle le devoir d’innovation et une urgence puisque nous avons non seulement une urgence climatique, mais surtout une urgence de civilisation, parce que nous devons nous réinventer et sortir de notre zone de confort pour faire autrement, pour faire autrement pour les individus mais aussi pour la planète. C’est notre engagement de tous les jours.
« 

CIRC – ©ArtBuild Architects

L’humain est au cœur des préoccupations des orateurs et Renaud Chevalier, CEO – assar, le prouvera en déclarant cette phrase : « La durabilité, pour moi, c’est sauver l’humanité parce qu’en fait, la planète va bien. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, elle va bien, elle est un peu secouée, mais elle s’en remettra. Mais ceux qui ne s’en remettront pas, ce sont les humains. Donc pour moi, la durabilité, c’est ça, c’est sauver les humains. »

Pour illustrer ses propos volontairement un peu polémiques, il nous présente le projet First, la rénovation, pour le compte d’Eaglestone, d’un immeuble de bureaux dans le quartier européen. Sans changement d’affectation et en maintenant l’intégralité de la structure, cette rénovation augmente les performances énergétiques de l’immeuble bien au-delà des standards réglementaires, notamment par la récupération de la chaleur produite par le data center présent en sous-sol pour alimenter les plafonds rayonnants et par l’utilisation de panneaux photovoltaïques tant en toiture qu’intégrés dans les éléments de façades.

« Pourtant la particularité de l’intervention se situe ailleurs. En effet malgré que la parcelle, de taille réduite, soit entièrement bâtie, nous avons pu au travers de ce projet contribuer sensiblement à la préservation de la biodiversité urbaine, grâce au système de récupération d’eau de pluie, réinjectée sur la toiture du volume bas. La noue ainsi créée constitue une zone humide en pleine ville, laquelle s’inscrit dans le maillage vert bruxellois comme relais de la biodiversité et vise à lutter contre les îlots de chaleur. Cette toiture est également végétalisée au moyen d’essences fruitières attirant les insectes polinisateurs. Enfin les façades sont pourvues de nichoirs pour les martinets et les chauves-souris. Au-delà donc des performances intrinsèques de l’immeuble, ce sont aussi tous ces petits éléments de la conception architecturale et technique, pas toujours spectaculaires, qui nous permettent d’affirmer que ce projet s’inscrit résolument dans notre volonté de concevoir une architecture durable et inclusive. »

The First – ©assar

Claudia De Cesco, CEO – SOCATRA, insistera quant à elle sur le fait qu’il n’y a pas de solution unique. Il y a des solutions. « Essayer de limiter au mieux les nuisances, gérer l’énergie, gérer l’eau, gérer la flore, proposer aux maîtres d’ouvrage des matériaux innovants, bio ou géo-sourcés.« 

Pour l’aider dans ses démarches, et Marek Kisielewicz, CEO – ALTIPLAN, en parlera également, elle nous cite l’importance d’une société comme Natura Mater, sourceur de matériaux durables. La société bruxelloise accompagne les professionnels dans le choix, l’achat et la mise en œuvre de matériaux de construction durables. Deux autres sociétés seront également mises-en-avant par les orateurs et l’oratrice de cette conférence, il s’agit de Bati-terre et de Rotor, qui travaillent tous deux sur le réemploi de matériaux de construction.

Les orateurs insisteront, également, sur l’évolution de leur société, la durabilité n’est pas dans leur ADN mais l’apparition d’une nouvelle génération a clairement modifié la donne. Jérôme Verdussen en a déjà parlé et Marek Kisielewicz complètera par « On a eu un grand changement pour ceux qui nous connaissent depuis quelques années. Au niveau générationnel, un certain nombre d’associés historiques ont quitté l’entreprise. Toute une nouvelle génération est arrivée et on a senti tout de suite une demande de fixation des valeurs de la société et des valeurs de l’entreprise. Un gros travail en interne nous a permis de fixer ces valeurs et, par rapport à ça, de lancer toute une série de programmes.« 

Pour illustrer son propos et son engagement dans la durabilité, Marek Kisielewicz nous parle de la rénovation de la tour Astro : « En 2014, on anticipe la réglementation bruxelloise et on lance le projet de la tour Astro passive. Même à l’IBGE, ils se demandaient comment nous donner un certificat parce que c’était anticiper sur la nouvelle réglementation à venir. Mais ça a fait le succès et selon le pas plus passif, on est toujours détenteur du record mondial de hauteur pour passer la durabilité. sur le projet de re ovation.« 

Tour Astro – ©ALTIPLAN

Ambroise Crêvecœur, Business development & project manager – A2RC Architects, confirme cette pensée : « On voit que les gens commencent à faire attention à leur consommation, à leur empreinte écologique. Les jeunes réfléchissent au sens qu’ils donnent à leur vie, à leur travail et pas juste à avoir un travail jusqu’au moment de la retraite.« 

L’ADN d’A2RC n’est pas que la durabilité, la durabilité n’est qu’un mot, mais fait partie d’un ensemble plus vaste et elle n’est qu’un des éléments de notre réflexion, « notre ADN, c’est la conception, c’est l’évolution, c’est d’accompagner la population et les acteurs du marché dans une vision de l’architecture qui ne sera pas uniquement celle d’aujourd’hui et sera celle de demain, ou celle dans 20 ans ou dans 30 ans.« 

Pour illustrer ses propos, Ambroise Crêvecœur met en avant des projets comme AXA Belgium qui est l’un des plus grands bâtiments passifs à Bruxelles; la rénovation/restauration de la Louise Tower (The Louise) où tout a été refait dans un jeu d’équilibriste entre préservation du patrimoine, modifications dues aux techniques, et amélioration des espaces; le projet .CORE (Lombard) qui s’articule autour du respect du patrimoine tout en développant un projet Fossil free, Breeam oustanding et CO2 Neutral; et, enfin, le projet de logements Jourdan : une conversion d’un immeuble de bureaux en logements. Le projet ne comprend pas de chaudière, mais de pompes à chaleur communes. L’efficacité a été poussée au maximum en utilisant des matériaux biosourcés.

Louise Tower – ©A2RC architects

Simon Claeys, Partner – Civil Engineer-Architect – B2Ai architects, mettra en avant cette transformation de bureaux en une autre fonction. Il illustre ses propos par 4 réalisations : celle de la transformation de bureaux en logements sur le projet Twin Falls (voir vidéo), en une autre fonction comme celle d’une école pour les projets Saint-Michel (voir vidéo) et Egied van Broeckhoven. Mais Simon Claeys incite également sur le fait que la préservation, la récupération peut être la règle mais que le politique ne doit pas s’interdire à construire de nouveaux bâtiments comme ce fut le cas pour Brucity (voir la vidéo). In fine, il démontre par le projet Montgomery Square que le retrofitting d’anciens sièges de bureaux en complexes durables certifié BREAAM Outstanding, WELL Gold, DGNB Gold et European Bauhaus fait également partie de la philosophie Brussels Builds Greener.

Montgomery Square – ©B2Ai Architects

Enfin, un dernier maître mot reviendra régulièrement dans les propos des orateurs, c’est l’ESG (environnement, social, gouvernance). Stephan Sonneville : « On a bien tort de résumer la durabilité à des éléments environnementaux et en ce qui nous concerne, il y a quatre axes de durabilité : ils commencent bien sûr par l’économique, plutôt sous l’angle de la résilience, l’environnemental, le social et la gouvernance.« 

Marek Kisielewicz confirme « nombreux sont nos clients qui arrivent avec un agenda ESG. Ils en fait un vecteur d’évolution de leur entreprise, de responsabilité sociale. Et on l’intègre de plus en plus dans nos projets.« 

Source : Archiurbain