Dans le contexte de la transition vers une économie circulaire, plusieurs matériaux de construction biodégradables constitués de résidus de pommes de terre issus de l’industrie alimentaire sont apparus sur le marché. Il s’agit notamment de panneaux de fibres ainsi que de tubes piézométriques et de tubes de protection.
Panneaux de fibres à base d’épluchures de pommes de terre
Une entreprise britannique commercialise depuis peu des panneaux de fibre à usage intérieur composés de fibres naturelles de pommes de terre, de bambou, de bois recyclé et/ou de houblon, d’une part, et d’un liant naturel, d’autre part. Ce dernier est extrait des épluchures de pommes de terre provenant de l’industrie alimentaire grâce à différents procédés de raffinage et peut, d’après les concepteurs, remplacer le formaldéhyde nocif dans les panneaux de fibres. Les deux matières premières sont mélangées, puis mises sous presse à haute pression et à haute température pour obtenir des panneaux de fibres, qui peuvent être utilisés pour diverses applications, dont la fabrication de meubles. Deux types de panneaux colorés au moyen de pigments naturels sont actuellement disponibles. Selon les concepteurs, les panneaux sont entièrement biodégradables et compostables après usage, et contribuent ainsi à l’économie circulaire.
Tubes piézométriques et tubes de protection à base de fécule de pommes de terre
Des tubes biologiques fabriqués à partir d’une matière synthétique biodégradable à base d’amidon ont récemment été mis au point. L’amidon est extrait de l’humidité dégagée lors de la découpe des pommes de terre dans les usines de frites ou de chips. Ces biotubes sont destinés à servir de protection souterraine temporaire ou d’alternative aux tubes piézométriques. Ils seraient aussi résistants et purs que les tubes ordinaires en PVC ou en PEHD et n’émettraient aucune substance polluante pendant ou après leur usage. Les concepteurs estiment que leur durée de vie est de un à cinq ans.
Ces tubes peuvent tout d’abord être employés sur les chantiers de construction en tant que tubes de protection pour les câbles et les conduites temporaires posés dans des tranchées en sous-sol. Une fois les travaux terminés, les câbles et les conduites sont retirés des tubes. Le tube en lui-même reste dans le sous-sol et est dissous complètement par les bactéries au fil du temps sans laisser de traces. Le biotube constitue ainsi une bonne alternative aux tubes de protection traditionnels, qui restent souvent en place par la suite, entraînant un gaspillage de matériaux et une perturbation du sous-sol.
Par ailleurs, on trouve dans le commerce des biotubes à base de fécule de pommes de terre utilisables comme tubes piézométriques et autres accessoires pour la mesure et l’échantillonnage temporaires des eaux souterraines. Après les essais, le tube est simplement laissé dans le sol. A la fin de la campagne de mesure, le travailleur de terrain doit remplir le tube d’argile bentonitique, afin d’éviter la contamination ou la remontée des eaux souterraines par l’intermédiaire du tube ouvert. Cette argile peut alors gonfler, remplaçant ainsi progressivement le tube qui se dégrade, et scellant de façon permanente les nappes phréatiques percées.
Avantages
L’utilisation de matériaux de construction fabriqués à partir de déchets renouvelables provenant de l’industrie alimentaire permet d’importantes économies de matières premières (finies) et de matériaux. Elle offre également un débouché pour la grande quantité de déchets créés lors de la transformation des produits alimentaires. De plus, le matériau se dégrade sans nuire à l’environnement au terme de sa durée d’utilisation. Ces matières premières naturelles n’ont en outre (presque) aucun effet négatif sur la santé ou sur l’environnement lors de leur usage.
L’emploi de matériaux biodégradables s’avère particulièrement intéressant pour les applications temporaires. Les biotubes placés dans le sous-sol permettent de réduire considérablement l’impact environnemental global des activités temporaires sur chantier. De plus, aucun matériau étranger ne reste dans le sous-sol, aucune excavation n’est nécessaire et la quantité de déchets à évacuer et à traiter est moindre. Enfin, selon les concepteurs, la production des tubes nécessite moins d’énergie que celle des tubes synthétiques ordinaires, ce qui réduit les émissions de gaz à effet de serre.
Spécificités d’usage
La dégradation des biotubes pourrait entraîner la formation d’une cavité dans le sous-sol, d’où un risque d’affaissement ou de tassement du terrain. Les conditions locales et le diamètre des tubes mis en œuvre s’avèrent déterminants à cet égard. De plus, l’argile bentonitique utilisée pour remplir les tubes piézométriques doit gonfler suffisamment de façon à occuper tout l’espace libéré par la paroi du tube.
Source
C-Watch Inspiring construction technology