Lorsqu’on évoque la durabilité dans les projets de construction ou de développement urbain, c’est souvent – à juste titre – le pilier environnemental qui est mis à l’avant-plan. Les deux autres, le social et l’économique, sont moins évidents à « faire entrer » dans un projet.
Une recherche-action, menée dans le cadre du Contrat de Rénovation Urbaine (CRU) « Midi », nous a permis, avec nos partenaires Osmos Network et IDEA Consult, d’appréhender ces deux autres piliers et de mieux comprendre comment les intégrer aux projets.
Enquêter avant, concevoir ensuite
L’un des objectifs de la recherche était de comprendre les enjeux des opérateurs sociaux et économiques du périmètre (associations, commerces, entreprises, …) pour définir des actions capables d’y répondre.
Nous avons approché la question par l’intelligence collective : les principaux intéressés ne sont-ils pas, finalement, les meilleurs experts de notre sujet ?
Deux types de contacts ont été combinés pour obtenir très rapidement des résultats utilisables :
- L’arpentage simple du quartier, à pied, à des moments différents de la semaine, appareil photo et carnet de notes à la main ;
- De nombreux entretiens individuels, sur place ou par téléphone, souvent planifiés et parfois spontanés ;
- Une promenade diagnostique avec le groupe des personnes interrogées. Nous avons parcouru le quartier et croisé les points de vue tant sur les constats que sur les solutions ;
Et plusieurs types d’outils ont été utilisés pour rendre compte des résultats, une étape cruciale :
- Un mapping des interviews dans le quartier (que dit-on et où ?)
- Des personas (portraits fictifs inspirés des interviews) très utiles pour donner écho aux histoires personnelles de manière anonyme
- Une carte narrative du quartier, qui synthétise les vécus et les projets, mêle le présent et le futur du quartier, le tout en une seule image

Des enseignements pour la reconstruction urbaine
L’apprentissage important : les méthodes d’intelligence collective sont des outils puissants pour dépasser la compréhension morphologique et matérielle d’un quartier. En comprenant mieux les dynamiques locales (sociales, économiques), les projets peuvent contribuer à les activer. Il ne s’agit plus uniquement de s’inscrire dans un contexte, mais véritablement d’y prendre part positivement et de façon transparente. Qu’on ne s’y trompe pas, ces méthodes bien utilisées ne vont pas uniquement nous aider à amender un aménagement d’espace public, mais aussi à concevoir un programme, voire même à trouver les futurs occupants d’immeubles.
Notre expérimentation n’était pas destinée à se déboucher sur un projet concret, mais nous en retenons qu’à partir d’une certaine échelle, cet investissement en vaut la peine, notamment par l’acceptabilité sociale engendrée, mais aussi, tout simplement, parce que ce travail fait sens avant de démarrer le montage et la conception.
La méthode est compilée dans un guide pratique publié par hub.brussels et qui permettra à la rénovation urbaine d’amplifier ses effets retours sur les dynamiques sociales et économiques des quartiers.
