Les enjeux environnementaux sont devenus une préoccupation majeure dans la conscience populaire. En témoigne une étude de 2023 de la banque européenne d’investissement qui classait le réchauffement climatique comme la deuxième préoccupation des Belges. Mais entre préoccupation et compréhension profonde, il y a un pas qu’il nous faut encore franchir. Comprendre les enjeux environnementaux et déterminer quel est notre champ d’action individuel et collectif sont parmi les grands défis de notre société d’aujourd’hui.
Actifs dans le secteur de la construction, qui génère un tiers des émissions de CO₂ européennes, nous avons l’opportunité de jouer un rôle clé en guidant cette industrie vers plus de durabilité.
Les matériaux utilisés pour la structure d’un bâtiment représentent environ un tiers de son impact carbone sur l’ensemble de son cycle de vie. Pour réduire cette proportion, il est crucial de repenser nos habitudes, encore largement influencées par l’industrialisation.
Repenser les matériaux pour réduire l’impact
Le béton, les blocs de maçonnerie, l’acier sont encore très ancrés dans la culture du bâtisseur belge. Chez Wow, notre travail de tous les jours est de démontrer qu’il est possible de construire autrement, de mieux sélectionner les techniques constructives en fonction de leurs destinations.
Le béton, qui est stable en milieu humide mais très gourmand en énergie pour sa production, devrait n’être utilisé qu’en sous-sol ou pour les fondations. L’acier, issu lui aussi d’une industrie très polluante, devrait être réservé aux seules situations où sa très haute résistance est indispensable.
Partout ailleurs, des alternatives biosourcées peuvent être privilégiées. Notamment, les matériaux modernes à base de bois comme le bois lamellé-collé, le CLT (cross laminated timber) ou le GLVL (glued laminated veneer lumber) permettent des performances mécaniques exceptionnelles qui, si on les maîtrise, peuvent parfaitement répondre aux besoins des bâtiments modernes. Les solutions à base de terre crue, entre autres, sont également adaptées à nombre de situations.
Le choix du matériau de structure ne peut désormais plus être guidé seulement par les habitudes mais doit être le fruit d’une réflexion globale intégrant l’impact environnemental, le prix, la pérennité et la cohérence architecturale et fonctionnelle.
L’exemple concret de l’École La Brise
Nous avons eu l’opportunité d’appliquer cette logique de conception structurale dans le cadre de la construction de la nouvelle école La Brise à Boitsfort dont nous sommes les ingénieurs de conception.
Les fondations ainsi que le rez-de-chaussée semi-enterré sont en béton, en maçonnerie et en hourdis préfabriqués. Le radier assure la répartition des charges sur le sol et la dalle champignon couvrant Rez constitue l’assise de la structure bois. Reposant uniquement sur une série de colonnes, cette dalle permet des espaces très ouverts et polyvalents capables d’évoluer au cours de la vie du bâtiment.
La géométrie de l’ensemble qui accueille les classes au premier et deuxième étage a été conçue avec les architectes (R2D2 Architecture) dans le but de permettre une structure bois économique. Le bois, ici, s’accorde parfaitement avec l’architecture en associant esthétique, efficacité et impact carbone minimal. Les quelques 573 m³ de bois utilisés permettent même le stockage de 470 Tonnes de CO2 captées dans l’air au cours de la croissance de l’arbre.
Les planchers et toitures sont réalisés en CLT nervurés, une combinaison de panneaux CLT et de nervures en lamellé-collé, permettant de franchir de grandes portées avec un minimum de matière. Ils sont soutenus par une structure mixte, alternant entre poteaux-poutres en bois et voiles en CLT, selon les besoins architecturaux et les contraintes de résistance aux charges de vent horizontales.
Tous les éléments bois utilisés sont certifiés PEFC, garantissant leur origine durable et responsable.
Le résultat est un projet porteur de sens qui donnera bientôt, nous en sommes convaincus, une grande satisfaction aux générations d’élèves qui s’y succèderont. Il est également la démonstration par l’exemple qu’il est non seulement possible mais également efficace d’intégrer les considérations environnementales au processus de conception.
Un article proposé par Martin Guillaume ingénieur de projet chez Ney & Partners Wow
