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INSAS – Un projet exemplaire de transformation, où le béton reste à interroger

Le 3 octobre 2025, plus de 200 personnes se sont réunies pour inaugurer le nouveau site de l’INSAS à Ixelles, avenue de la Couronne. Ce projet, porté par le bureau d’architecture AgwA et réalisé par ACH Construct, transforme un ancien immeuble de bureaux et garage en une école supérieure dédiée aux arts du spectacle, avec près de 8000 m² d’espaces pour les sections Théâtre, Danse et pratiques chorégraphiques.

Une reconversion intelligente et respectueuse

Ce projet est remarquable par sa volonté de préserver l’existant. Plutôt que de démolir, les concepteurs ont choisi de réutiliser les structures, de minimiser les interventions lourdes, et de recycler sur site. Cette approche, qui s’inscrit dans une logique d’économie circulaire, permet de limiter l’introduction de matériaux neufs tout en répondant aux exigences techniques et pédagogiques de l’école.

Le béton : un matériau à double tranchant

Chez ecobuild.brussels, nous restons vigilants face à la mise en avant de projets liés au béton. Il est désormais établi que le béton est responsable de 7 à 8 % des émissions mondiales de CO₂, ce qui en fait l’un des plus grands pollueurs industriels de la planète. Sa production implique :

  • La calcination du calcaire, qui libère du CO₂.
  • L’utilisation massive d’énergie fossile pour chauffer les fours à plus de 1400°C.
  • Une consommation importante de sable et d’eau, avec des impacts sur les écosystèmes aquatiques.

Des efforts du secteur à saluer… mais à renforcer

Le secteur du béton n’est pas resté immobile. Plusieurs pistes sont aujourd’hui explorées et mises en œuvre :

  • Réduction du clinker dans les formulations, qui est responsable de 90 % des émissions du ciment.
  • Utilisation de matériaux alternatifs comme les cendres volantes, le laitier de haut fourneau ou le calcaire, permettant de réduire les émissions jusqu’à 40 %.
  • Captage et stockage du carbone (CCS) dans les usines de ciment, avec des réductions potentielles de 60 %.
  • Injection de CO₂ dans le béton lors du malaxage, transformé en carbonate de calcium, renforçant le matériau tout en le rendant plus durable.
  • Réemploi structurel et recyclage sur site, comme dans le projet INSAS, qui favorise la réutilisation à valeur égale.

Une critique constructive

Bien que le projet INSAS ait intégré une démarche durable, nous pensons qu’une plus grande part de matériaux bio-sourcés ou géo-sourcés aurait pu être introduite. Les techniques actuelles permettent de répondre aux mêmes exigences de performance que le béton classique. Toutefois, le faible volume de matériaux neufs introduits dans ce projet rend l’argument économique recevable : aller plus loin aurait peut-être été disproportionné par rapport au gain écologique.

Conclusion

Le projet INSAS est une réussite exemplaire en matière de reconversion intelligente. Il montre que la démolition ne peut plus être le réflexe par défaut, et que l’existant peut être sublimé avec créativité et rigueur. Le secteur du béton, bien qu’encore très polluant, investit dans des solutions de décarbonation qu’il faut encourager et surveiller. À nous, acteurs engagés, de continuer à pousser vers des alternatives plus vertueuses, sans perdre de vue les réalités économiques et techniques.