Le masterplan gagnant pour la rénovation de l’hôpital Joseph Bracops, à Anderlecht, par archipelago (membre du cluster ecobuild.brussels) et NU architectuuratelier, a été conçu intégralement selon les principes de la construction circulaire : des matériaux locaux et durables, une conception adaptable, le principe du zéro-énergie, et un (dés)assemblage bien pensé du bâtiment. La création d’espaces publics, aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur de l’enceinte de l’hôpital, assure que le site rénové soit durablement inséré dans son contexte urbain. La procédure d’appel d’offres sera lancée cette année.
Les réponses aux questions ont été données par archipelago.
L’hôpital, maillon dans le réseau hospitalier bruxellois IRIS, se situe dans le centre d’Anderlecht, à un jet de pierres du stade du Sporting. Le masterplan d’archipelago et de l’atelier architecture NU pour la rénovation du site est ambitieux et avant-gardiste. Il tient également compte de la densification urbaine et prévoit un parc accessible aux riverains. La rénovation du site représente un projet pilote à grande échelle pour la construction circulaire dans le secteur des soins de santé : le masterplan suit scrupuleusement les principes de la construction circulaire avec des matériaux locaux et durables, une conception adaptable, le principe du zéro-énergie et un (dés)assemblage réfléchi du bâtiment.
En quoi le projet est-il circulaire ?
Le masterplan a pour objectifs d’organiser et de transformer le site étape par étape. Pour ce faire, un axe central a été créé, auquel les différents bâtiments peuvent venir se greffer. Il a été conçu pour que le site puisse également être transformé en une zone ayant d’autres fonctions, (éducation, logement, bureaux, etc), si le contexte venait à changer à l’avenir. Le masterplan soutient ainsi la transformation urbaine de manière circulaire.
Les bâtiments de l’hôpital connectés à cet axe ont été imaginés par département, sur le calque du modèle standard qui caractérise la polyclinique entière : le bâtiment réversible. Chaque bâtiment dispose d’une entrée individuelle et d’une circulation verticale, ce qui permet d’ajouter ou de supprimer facilement de nouveaux départements. Il est ainsi possible d’étendre ou de réduire l’infrastructure hospitalière. En outre, cela permet d’affecter certaines parties à un usage complètement différent, sans aucun rapport avec les soins. Les bâtiments compacts combinent : fonctionnalité optimale, distances limitées, une grande flexibilité et des étages modulaires.
Le plan a été conçu de manière à pouvoir être réutilisé de façon optimale avec la plus grande variété possible de programmes. Un certain nombre de choix de conception concrets ont été faits à cet effet. Par exemple, les dimensions du volume construit ont été délibérément choisies et un patio a été introduit à un endroit stratégique. La position et les dimensions de ce patio ont été étudiées pour une entrée optimale de la lumière du jour et un potentiel maximum de ventilation naturelle. Le noyau de circulation verticale est concentré sur la façade nord, ce qui laisse un maximum de surface disponible.
Un certain nombre de noyaux fixes ont été définis. Ceux-ci ont été réalisés avec des cloisons fixes. Toutes les autres cloisons seront des systèmes mobiles, également conçues de manière modulaire. Les portes intérieures sont positionnées à l’intérieur de ce module, de sorte qu’elles peuvent être déplacées ou échangées facilement.
Les gaines techniques sont systématiquement liées à des éléments fixes, comme des colonnes, et sont toujours positionnées perpendiculairement aux zones de circulation, de sorte qu’elles constituent un obstacle minimal en cas de réaménagement. La dalle de plancher est conçue comme un plancher champignon avec coffrage perdu interne, ce qui permet d’utiliser un minimum de matériau et de réaliser de nouvelles ouvertures à plusieurs endroits. Deux grands noyaux d’élévation verticale sont prévus pour les techniques, afin que tous les endroits du bâtiment puissent être atteints efficacement et que les sections des gaines puissent être limitées.
Les façades sont construites à partir d’un système préfabriqué et modulaire. Leur trame est modulaire également, de sorte que différentes dimensions de travée sont possibles dans l’aménagement intérieur. Les nœuds d’assemblage ont été conçus et rendus accessibles pour qu’il soit possible de démonter des parties de façade sans endommager les matériaux environnants. Le revêtement est constitué de carrelages en céramique qui peuvent être réutilisés dans différentes compositions.
La modularité a été étendue au mobilier des espaces de consultation, qui est standardisé et peut également être interchangé. Celui des salles d’attente a également été conçu de manière à pouvoir être installé dans de nombreuses configurations différentes, en fonction des besoins en capacité des services et des différentes exigences d’intimité.
La ventilation naturelle est utilisée au maximum pour améliorer le confort en été et soutenir la ventilation mécanique. Avec l’utilisation optimale de la lumière du jour et une enveloppe de bâtiment bien pensée, l’objectif est d’optimiser le paramètre « déchets », en ce qui concerne la consommation énergétique.
Quel a été le plus grand défi de ce projet ?
Tout changement au niveau de la philosophie de conception prend du temps. En raison du manque de ressources dans la phase de conception, il semble parfois plus facile d’opter pour des solutions classiques et de garder ainsi la gestion du projet sous contrôle. C’est également un défi de comparer de manière systématique l’empreinte écologique des matériaux existant sur le marché.
Enfin, il est également difficile d’impliquer les fabricants et les contractants directement dès la phase de conception, en raison d’éventuelles infractions à la législation sur les marchés publics et la concurrence. Cependant, ceci est souhaitable dans la construction circulaire.
Quelles leçons avez-vous tirées ?
L’hôpital Joseph Bracops, l’un des premiers projets de soins de santé à grande échelle en région bruxelloise à être conçu dans un souci d’adaptabilité, a été retenu par la ville de Bruxelles comme un test pour l’outil de conception « Reverse Building Design » (RBD), une analyse multi-critères qui quantifie la capacité de transformation et le potentiel de réutilisation d’un bâtiment. L’outil a été développé dans le cadre du projet de recherche européen BAMB 2020 (Horizon 2020). Les données de l’outil RBD fournissent des informations précieuses pour le projet et seront également utilisées pour optimiser davantage l’outil lui-même.
Les projets de soins de santé, tels que les hôpitaux, sont souvent situés à des endroits stratégiques et, compte tenu de leur taille, nécessitent une grande quantité d’équipements et d’infrastructures. Tant la programmation que l’espace requis sont très sensibles aux changements à court terme. Pour l’hôpital Joseph Bracops, archipelago a donc étudié les possibilités d’utilisation future du projet en dehors du secteur des soins de santé. Le résultat final est une infrastructure réversible utilisable aussi bien pour les soins de santé que (potentiellement) pour les résidences de soin, le logement ou encore des espaces de bureaux. Le projet crée également des espaces extérieurs publics qui sont partagés avec le quartier, comme une nouvelle place et un jardin public.
Fiche technique :
Maître d’ouvrage : Hôpitaux Iris Sud
Architectes : archipelago , NU architectuuratelier
Bureaux d’études : BUUR Part of Sweco (membre du cluster ecobuild.brussels), Ellyps (membre du cluster ecobuild.brussels), MATRIciel, MC-carré, Cosep
Entrepreneur général : pas encore connu
Calendrier : appel d’offres en 2022
Source : Circubuild.be