L’un des points forts de Batibouw n’était autre que l’exposition sur la construction circulaire : une collaboration de Pixii – Plate-forme de connaissances sur la construction zéro énergie, VIBE vzw et le bureau d’architecture A-tract. Mais quelle est la recette idéale pour un bâtiment circulaire et quels produits utiliser pour sa construction ?
L’exposition Construction circulaire nous fait immédiatement prendre conscience des faits : le secteur de la construction produit 33 % de tous les déchets et exploite 50 % de toutes les matières premières, tandis que nos réserves s’épuisent lentement mais sûrement. « La construction circulaire a pour objectif de boucler la boucle du recyclage. Ainsi, à l’avenir, nous ne devrions pratiquement plus produire de déchets de construction, et l’extraction de nouvelles matières premières deviendrait superflue », explique Debby Burssens, collaboratrice de Pixii.
La plate-forme Pixii et VIBE vzw, l’institut flamand pour la construction bioécologique, ont sélectionné 22 produits innovants sur la base de concepts cruciaux tels que la réutilisation d’éléments de construction usagés, l’utilisation de connexions réversibles, etc. « Nous avons examiné les matériaux utilisés, les composants, le montage et le démontage, mais aussi le recours à des matériaux renouvelables et, par exemple, aux applications préfabriquées », précise Debby Burssens. S’emparant d’un échantillon sur la table de l’exposition, elle poursuit : « Voici une cloison de séparation, réalisée sur mesure pour un immeuble de bureaux, mais entièrement démontable et pour laquelle vous n’avez besoin ni de vis ni de colle. Un tel système permet des ajustements faciles par la suite, avec des coûts réduits et surtout très peu de déchets. »
Les matériaux, oui, mais pas seulement
Par cette initiative à Batibouw, les 2 asbl Pixii et VIBE entendent faire connaître le monde de la construction circulaire à la fois aux entreprises, aux pouvoirs publics et aux citoyens. « Mais les matériaux ne sont en aucun cas le seul ingrédient d’un bâtiment circulaire », prévient Eliah Mallants, qui travaille chez Pixii et s’est spécialisé dans cette thématique. « Trop souvent, l’accent est mis sur certains produits et en particulier sur leur phase de fin de vie. Si la recherche d’une construction circulaire commence bel et bien par les matières premières, elle ne peut pas s’y cantonner. Avouez qu’un bâtiment ne s’arrête pas aux briques qui le composent… »
Nous nous laissons parfois distraire par toutes sortes de techniques innovantes. C’est une attitude récurrente. Cependant, nous devons veiller à ce que l’innovation soit un moyen et non un nappage dont on enveloppe soudainement le projet final dans le but de lui conférer un caractère « circulaire ». « Une structure monolithique bien pensée construite au bon endroit n’est-elle pas plus circulaire que bon nombre de systèmes de construction réversibles ? En effet, la première est à l’épreuve du temps, mais aussi de nos caprices et fantaisies. Dans le second cas, nous supposons que le système de construction sera réutilisé à la fin de sa durée de vie utile. Mais, le moment venu, la motivation et les informations font souvent défaut et le système « circulaire » sera démoli à l’instar de toute autre construction traditionnelle », nous confie Eliah Mallants.
Un concept qui s’applique à tous les domaines
Conclusion : la réversibilité des connexions à la fin de la durée de vie utile n’est qu’un ingrédient parmi d’autres de la recette circulaire. « À l’heure actuelle, nous réfléchissons encore trop peu en termes de circuits de réutilisation et de recyclage. Cette carence concerne les matériaux mais aussi et surtout les modèles de revenus et structures de propriété, les procédures d’appel d’offres et de construction, la consommation d’eau et d’énergie, etc. », ajoute Debby Burssens. Eliah Mallants précise : « C’est peut-être encore sur le plan urbanistique que la construction circulaire est la plus malmenée. Malgré la démarche holistique qu’implique la pensée circulaire, nous restons bloqués sur les bâtiments et nous ne concrétisons pas l’énorme effet positif qu’aurait une transition à l’échelle du quartier ou même de la ville sur notre cadre de vie. »
Bref, la recherche de la recette circulaire par excellence nous amène à nous poser encore plus de questions. Avant de conclure notre entretien, Eliah Mallants nous donne une dernière piste de réflexion : « Et si nous commencions par reformuler la question ? Au lieu de nous demander « Comment construire un bâtiment circulaire ? », essayons plutôt de répondre à la question « Qu’attendons-nous vraiment de notre environnement urbain ? » Avons-nous vraiment tous besoin de notre propre bureau, alors qu’il est vide la plupart du temps ? Ne ferions-nous pas mieux de partager un espace ou de travailler dans un café s’il y fait calme pendant la journée ? Peut-être devrions-nous remettre nos habitudes en question ? » Une seule certitude : la concrétisation de l’économie circulaire n’est pas une mince affaire.
Auteurs: Eliah Mallants, stagiaire Architect et Debby Burssens, Coordinatrice Communication et Membership chez PIXII
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