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Baromètre des architectes francophones sur la durabilité

L’équipe de FAAST a mis en place un observatoire en vue de requérir des informations inédites auprès du secteur de la construction.

Vous retrouverez tous les résultats de leur dernière enquête dans cet article. Belle lecture !

Architecte : un métier stressant ?

Pour plus d’un architecte sur 5 (22%), l’état d’esprit vis-à-vis de son travail n’est pas positif : il peut être désorienté, stressé, voire angoissé.

Ces chiffres s’éloignent des résultats d’une enquête réalisée en 2017 par Statbel sur la satisfaction des travailleurs en Belgique, selon laquelle “93,6% de la population belge occupée déclare être très satisfaite (49,9%) ou plutôt satisfaite (43,7%) de son emploi”.

Ce chiffre concerne 1 architecte sur 3 pour les plus expérimentés d’entre eux (> 25 ans de carrière).

Seulement 25% des architectes se disent peu impactés dans leur vie privée par leur travail, et ce chiffre passe à 19% lorsqu’ils travaillent seuls.

À noter que chez les jeunes architectes, ils sont 70% (< 5 ans d’expérience) à se dire très ou énormément impactés contre 80% des architectes avec plus de 25 ans d’expérience à leur actif.

Vision de la durabilité

Près d’un quart (24%) des architectes pensent ou pensent peut-être que la durabilité est une mode ; et cette valeur atteint 40% chez les architectes seniors (> 25 ans d’expérience). 

S’agirait-il d’un manque d’informations, d’un déni massif des problèmes climatiques ?
Ou en parallèle d’une mauvaise communication de la part des scientifiques ?

Il y a sans doute un équilibre à trouver entre les impositions normatives (qui peuvent parfois paraître dénuées de sens) et la sensibilisation ainsi que l’information de l’ensemble des parties (clients inclus). Rappelons également que le greenwashing prend de plus en plus de place dans un secteur où chaque détaillant, convaincu de son produit, met tout en œuvre pour faire valoir les qualités durables de son matériau auprès de l’architecte. Faut-il en plus évoquer le rôle des lobbies dans ce flou artistique ? L’architecte, loin d’être dupe, n’a pas toujours les moyens de démêler le vrai du faux.

Comme beaucoup d’autres secteurs, la construction est confrontée à l’urgence climatique dans un contexte économique tendu où chacun tente de sortir son épingle du jeu. La tâche est ardue pour le défenseur du client : trouver la bonne information prend généralement beaucoup de temps.

39% des architectes remarquent un accroissement des exigences du maître d’ouvrage dans le domaine de la durabilité (autre qu’à propos de l’isolation) contre 45% qui ne voient que très peu de changements.

Y a-t-il une réelle prise de conscience de l’urgence climatique du côté du client ?

Spontanément, 72% des architectes proposent des solutions durables (autres que l’isolation) à leurs clients. Mais il est certain que la démarche demande de l’assurance et des connaissances face à un client qui prend essentiellement des décisions en fonction du coût. Ce coût semble être devenu le maître-mot de la contre argumentation, et il prévaut sur tout… La vraie durabilité (entendez une durabilité de sens, réfléchie) n’a rien de tape-à-l’oeil. Le choix d’une belle cuisine équipée prime indéniablement encore souvent sur le bon matériau isolant, sain, local, avec peu d’impact carbone : efficace, mais plus cher.

60% des jeunes architectes (moins de 10 ans d’expérience) proposent à leurs clients des solutions durables.

Mais il est certain que la démarche demande de l’assurance et des connaissances face à un client qui prend essentiellement des décisions en fonction du coût. Ce coût semble être devenu le maître-mot de la contre argumentation, et il prévaut sur tout… La vraie durabilité (entendez une durabilité de sens, réfléchie) n’a rien de tape-à-l’oeil. Le choix d’une belle cuisine équipée prime indéniablement encore souvent sur le bon matériau isolant, sain, local, avec peu d’impact carbone : efficace, mais plus cher.

Le futur, c’est maintenant

Comme la difficulté du professionnel réside aussi dans l’évolution à long terme du bâtiment, nous avons demandé aux architectes de se projeter dans le futur.

Les plus gros challenges auxquels ils estiment devoir faire face seraient :

à hauteur de 2/3 : la rénovation (66%)

un peu moins de la moitié des challenges est attribué au besoin de flexibilité des bâtiments, à la gestion de l’eau et au manque d’espace

le BIM (⅓ des challenges) et la pénurie des matières premières (¼) préoccupent dans une moindre mesure, devant une série d’autres problématiques (coût, économie circulaire, main d’oeuvre non qualifiée, smart city, etc.).

CONCLUSION

D’après les normes ISO, “le bâtiment est responsable de 40 % de l’utilisation énergétique mondiale et d’un tiers des émissions de gaz à effet de serre, tant dans les pays développés qu’en développement. Or, comparativement aux autres grands secteurs émetteurs, le secteur du bâtiment est celui qui a le plus important potentiel de réduction des émissions de gaz à effet de serre.”

Comme l’indique notre enquête, les architectes en sont généralement bien conscients : nul besoin de sensibiliser à l’urgence climatique et au rôle essentiel qu’ils peuvent jouer dans la réduction des gaz à effet de serre.

En revanche, il faut pouvoir les soutenir au quotidien, apporter des outils pour les aider à convaincre leurs clients de l’importance de leur choix dans la construction ou la rénovation de leur bien.
Et pour convaincre, pas de formule magique : juste un savant mélange de ces 3 indispensables : être convaincu, récolter un certain nombre de connaissances sur le sujet, et savoir argumenter. Convaincu, Connaisseur, Convaincant : nul doute que la tâche est ardue.

Nous pourrions, pourquoi pas, nous tourner vers les labels : ils sont simples à utiliser (quoique…) et dispensent des missions très précises aux auteurs de projets. Mais leur aspect polarisé est rarement évoqué. Ils ont un coût, et éloignent, souvent par manque de moyens, un grand nombre de professionnels très compétents. Plutôt que de se demander si les mesures prises sont pertinentes pour le projet, les concepteurs de grands chantiers se retrouvent à cocher un maximum de cases pour s’assurer finalement un label, au détriment d’actions qui assurent une durabilité adaptée au projet et à sa situation. À force d’automatiser, nous ne nous posons pratiquement plus certaines questions essentielles : ce qu’on a mis en place est-il fondamentalement bien, pas bien, cohérent, pertinent ?

La “phase zéro” de la réflexion d’un projet est indispensable entre un architecte et son client : quelle est la voie la plus durable (et/ou résiliente) ? Quelle est notre vision globale?
Dans 50 ans, le bâtiment sera toujours là : quelles conséquences cela aura-t-il sur l’environnement naturel et humain ? On ne peut bien sûr pas tout mettre en œuvre (financièrement surtout – à l’impossible nul n’est tenu), mais on peut définir des priorités.

Et comme nous nous enrichissons du savoir des uns et des autres, de nombreux organismes et conseillers en environnement sont présents pour épauler le secteur dans ses premières démarches durables : les clusters Eco construction, Ecobuild (Bruxelles) et Ecoconso, mais aussi Architecture et Climat (LLN) ou encore l’Apere (énergies renouvelables) pour les plus connus.

Dans le cadre de cette enquête, 261 architectes ont été interrogés. Le niveau de confiance s’élève à hauteur de 90%, avec une marge d’erreur de 5%.

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FAAST est un centre d’études et de réflexions dédié à la construction durable innovante. Dans un contexte de surinformation et de greenwashing, FAAST entraîne ses partenaires dans une ouverture d’esprit à 360°, avec un regard résolument tourné vers l’innovation « réfléchie » (non « cosmétique ») et une remise en question permanente.  FAAST, c’est une équipe d’experts motivés, décalés et intéressés par la définition juste et fidèle du développement durable, de l’innovation et de leur applicabilité dans le secteur de la construction

Source: FAAST