Dans le cadre du projet « Ambassade », les bureaux Twyce architects et coarchi collaborent étroitement avec leurs clients afin de créer un habitat groupé à Schaerbeek. La particularité de ce chantier est qu’il s’engage fortement au niveau des thématiques de l’économie circulaire, notamment avec le coté social et le réemploi. En plus de cela, il y a les analyses de faisabilité, l’équilibre entre le budget et les besoins des habitants, la prise en compte des limites techniques et temporelles… Tout cela vient ponctuer et influencer le déroulement de ce projet ambitieux, dans lequel l’économie circulaire se voit attribuer un rôle prépondérant !
Un habitat groupé
Le projet Ambassade regroupe trois bâtiments, avec chacun leur intérêt patrimonial : L’ancienne ambassade d’Espagne, un bâtiment de Michel Polak ; le bâtiment industriel appelé “Fabrique” ; et une maison typique Bruxelloise. Mettre en avant ces trois typologies, jouer sur leurs intérêts patrimoniaux et dédensifier la parcelle en rouvrant les cours qui ont été couvertes au fur des années, voilà les ambitions architecturales pour ce projet.
Les habitants des 17 unités de logement forment un groupe qui s’investit dans la réalisation du projet. Chacun a ses besoins, ses souhaits et son expérience, et tout cela doit être harmonisé dans un projet commun, ce qui requiert une bonne communication et beaucoup d’échanges. L’un des aspects importants pour les habitants est par exemple la préservation de l’existant, qui a donc été prise en compte par l’équipe de conception, et confrontée à des études de faisabilité.
Budget vs. Faisabilité
Trouver un équilibre entre les intérêts des habitants, le budget, l’investissement en temps et les contraintes techniques est rendu possible par une bonne organisation et de nombreux dialogues. La diversité des connaissances permet d’aborder les neuf thématiques du bâtiment durable et d’approfondir certains sujets comme le réemploi et la réutilisation de l’eau. Ce n’est pas l’enthousiasme qui manque, et il faut apprendre à tenir compte des freins que représentent souvent l’argent et le temps. Outre les mesures environnementales, beaucoup d’importance a été accordée aux aspects humains du projet.
L’Inventaire
En phase d’avant-projet, une liste de matériaux a été dressée et soumise à différentes entreprises pour évaluer leur valeur et l’intérêt de les démonter soigneusement dans le but de les réutiliser sur place ou de les réinjecter dans le réseau de réemploi. Les habitants ont activement participé à la réflexion, aux recherches et à la création de l’inventaire. Pas toutes les idées n’étaient viables et n’ont pu être réalisées, mais pour certains éléments, l’effort financier valait la peine. C’est le cas pour les portes en bois massif mouluré, par exemple, qui une fois restaurées, apportent une plus-value au projet. Le réemploi de certains éléments demande une anticipation non-négligeable, comme celui des radiateurs en fonte qui, après un inventaire exhaustif, ont été remis en état par l’entreprise ROVA.
L’aspect social
La collaboration directe avec les futurs habitants permet de réfléchir à la flexibilité de leur logement, à la manière dont ils imaginent vivre et vieillir dedans. L’évolutivité des habitants se traduit par une grande adaptabilité des espaces privés et communs. Outre une diversité générationnelle, le projet se caractérise par une mixité sociale, entrainant des typologies variées de logements.
Le réemploi
Réutiliser les matériaux présents in situ, préserver la toiture existante, rénover les plafonds anciens, intégrer de la laine minérale provenant du réseau de réemploi, utiliser un bardage en tôle de fin de stock, … Toutes ces mesures permettent de réduire le besoin de produire du neuf. Et quand l’achat de nouveaux matériaux est inévitable, le choix de produits durables permet de limiter l’impact environnemental.
Un exemple parlant de « faire avec ce qu’il y a » est l’utilisation de la structure en bois des bâtiments qui ont été démolis pour consolider la structure du toit préservé. Pour les faux-plafonds, il a également été choisi de conserver, et donc de réparer, au lieu d’opter pour la solution plus facile et moins onéreuse de tout casser et de recommencer.
Les leçons tirées de ce projet
Un chantier comme celui du projet Ambassade est un véritable laboratoire et dévoile les possibilités et les barrières liées à la construction durable et en particulier à la thématique du réemploi. Une première grande difficulté a été de trouver une entreprise prête à se lancer dans l’aventure. Peu s’y connaissent en matière de réemploi et beaucoup sont très réticentes. C’est en pratiquant et en se voyant confrontées à des chantiers circulaires de plus en plus nombreux que les entreprises finiront par prendre le pli du durable.
Visite de chantier digitale « Ambassade » : Vidéo (commence à 6 minutes)
Article Coarchi – Projet Ambassade